Aller simple, le choix du suicide assisté
Joseph habite dans le massif du Vercors à Villard-de-Lans. Il a décidé de mourir le jour de son anniversaire, le 20 août 2020, à 72 ans.
En 2016, il apprend qu’il est atteint d’une maladie dégénérative dont aucun spécialiste n’arrive à déterminer la nature exacte. Au fil des mois, son état physique se dégrade : il perd son équilibre et la sensation de ses doigts, ne peut plus effectuer les tâches ménagères, doit renoncer à jouer de la guitare, se déplace lentement avec une canne, abandonne des plaisirs simples comme marcher en montagne, bricoler ou dessiner.
Il refuse une lourde opération risquée qui l’aurait potentiellement mené à la paralysie, et tente de se soigner par tous les moyens. Il consulte même un chaman. Rien n’y fait.
Joseph ne veut dépendre de personne et ne supporte pas une perte d’autonomie inéluctable.
Une tentative de suicide par pendaison, en 2019, le convainc de se tourner vers le suicide assisté. Interdit en France, Joseph sollicite une association suisse qui ouvre cette possibilité aux étrangers sous certaines conditions, contre plusieurs milliers d’euros.
Joseph organise méticuleusement ses derniers mois à vivre : il range ses affaires, envoie une lettre d’explication à ses amis, voit ses enfants et petits-enfants, règle les questions d’héritage, organise des fêtes et demande à être photographié « pour laisser une trace ».
Voilà les 60 derniers jours de la vie de Joseph, jusqu’à sa mort dans une maison à proximité de Zurich, entouré de Marie sa compagne et ses deux enfants, Rémi et Martin.
Reportage réalisé de juin 2020 à septembre 2021.